«Chaque jour je découvre quelque chose de nouveau dans mon métier et cela est passionnant»
Thomas Hauser travaille pour Nestlé depuis 1986. Il a commencé sa carrière en tant que chef de projet dans le développement de produits en Suisse. Il a ensuite dirigé des usines et des unités de recherche et développement en Italie, en Indonésie, à Singapour et en Allemagne. Après son séjour au Japon en tant que directeur technique, il est devenu directeur des opérations de Nescafé au niveau mondial. Aujourd’hui, cet ingénieur diplômé en agroalimentaire est responsable du développement global des produits et des technologies du groupe mondial. Dans une interview il nous révèle ce qui rend son métier si captivant, pourquoi sa passion pour le métier d’ingénieur est restée aussi forte et quelles sont, selon lui, les trois qualités typiques des ingénieurs/-res.
Monsieur Hauser, depuis quand travaillez-vous pour Nestlé?
J’ai débuté chez Nestlé en 1986. Je me considère comme « un enfant de Nestlé ». Mon père travaillait comme représentant chez Nestlé Suisse et vendait du chocolat. J’ai donc depuis toujours été en contact avec l’entreprise Nestlé. Cependant, lorsque j’étais petit, je voulais devenir agronome. Après ma maturité gymnasiale, j’ai effectué un stage dans une grande ferme du nord de l’Allemagne. Bien que cela m’ait énormément plu, j’ai vite remarqué que la connexion étroite avec la terre arable me manquait. Dès lors, j’ai décidé de passer à l’étape suivante dans la chaîne de valeur, c’est-à-dire à la transformation des aliments en étudiant la technologie alimentaire à l’EPF de Zurich. Je m’intéresse à l’ensemble de la chaîne de valeur de nos produits, de la sélection des matières premières, en passant par la transformation, jusqu’à l’emballage, sans oublier l’impact nutritionnel .
Pendant mes études, j’ai effectué différents stages, notamment chez Nestlé, dans notre usine de Konolfingen, où le lait était transformé pour donner vie à des formules infantiles, par exemple. Plus tard, j’ai eu l’opportunité d’effectué un stage dans un laboratoire de recherche et de développement de Nestlé dans le Connecticut, aux États-Unis. J’étais encore à un an de recevoir mon diplôme de l’EPF de Zurich, quand le hasard a voulu que le directeur général de la recherche et du développement de l’époque soit en visite aux États-Unis et m’offre un emploi. C’est ainsi que j’ai commencé mon voyage avec Nestlé dès le 1er janvier 1986, après avoir terminé mes études, dans notre laboratoire de recherche sur les produits culinaires en Suisse.
Qu’en est-il de la suite de votre carrière ?
J’ai ensuite commencé à travailler dans la recherche et le développement en tant que chef de projet, où j’ai rapidement pu me spécialiser dans les pâtes alimentaires et les nouilles. L’étape suivante a été de me confier la responsabilité de chef de production dans une usine. Je travaillais dans une usine de pâtes dans le sud de l’Italie. Mes collaborateurs se demandaient déjà à l’époque pourquoi c’était justement un Suisse du canton de Glaris qui avait été envoyé comme «capo pastaio» (chef des pâtes). Ma mission était d’intégrer cette usine dans les structures de Nestlé. J’ai non seulement beaucoup appris mais aussi pu transmettre mes connaissances. Durant mon parcours professionnel chez Nestlé, j’ai toujours évolué au sein de la recherche et le développement, mais aussi été impliqué dans différents postes dans la production, et ce, dans le monde entier. Au Japon, je suis devenu directeur technique. Comme le café est la principale activité de Nestlé au Japon, j’ai dû beaucoup apprendre sur ce produit et sur la matière première, en plus de la culture d’entreprise japonaise. J’ai ensuite été nommé Chef des opérations pour Nescafé au siège principal de Vevey, avant d’accéder à mon poste actuel.
Quelles sont vos principales responsabilités dans votre fonction actuelle?
Je suis responsable du développement des produits et des technologies de Nestlé à l’échelle mondiale et pour tous les secteurs d’activité. Nestlé compte dix catégories de produits, dont font partie, par exemple, le café ou les produits laitiers. Pour chacune d’entre elles, il existe un institut de recherche et développement. Nous avons également des centres qui sont responsables pour région spécifique, par exemple à Pékin, à Singapour ou à Santiago, dont je suis également en charge. L’un des grands défis est de toujours avoir la meilleure main-d’œuvre dans l’équipe, notamment de très bons/bonnes ingénieurs/-es. Mais pas seulement. Il faut aussi toujours une certaine diversité. C’est ainsi que vous trouverez, par exemple, des économistes, des spécialistes en sciences humaines ou des médecins dans notre organisation. Maintenir la diversité et disposer des talents adéquats au bon moment constituent donc deux grands défis, parmi d’autres.
Un autre challenge est de travailler sur les bons sujets. Nous sommes actifs dans le domaine des biens de consommation, où les tendances peuvent évoluer très rapidement. Si nous voulons rester pertinents pour nos consommateurs, nous devons savoir adapter nos programmes en conséquence. Récemment, par exemple, nous sommes devenus relativement actifs dans le domaine des produits à base de plantes, c’est-à-dire des substituts à la viande et au poisson, ainsi que des alternatives laitières végétales. Lorsqu’une tendance surgit, on ne peut pas attendre trois ans pour l’assimiler. La recherche et le développement sont toujours liés à certains risques, car il faut décider dans quelle tendance investir. Mais ce n’est bien entendu pas une responsabilité que j’assume seul, nous prenons les décisions en équipe, ce qui rend le risque plus prévisible.
Qu’est-ce qui vous fascine le plus dans votre métier?
Chaque jour je découvre quelque chose de nouveau dans mon métier et cela est passionnant. Chaque jour nous faisons face à un nouveau problème ou un nouveau défi. Et c’est là que le métier d’ingénieur/-e fait la différence ; nous sommes là pour trouver des solutions aux problèmes. Et non seulement nous avons les compétences pour le faire, mais en plus, nous aimons le faire. Je trouve le métier d’ingénieur fascinant, bien qu’il soit techniquement et scientifiquement exigeant. Je suis extrêmement impressionné lorsque je vois ce que nous arrivons à faire chez Nestlé en termes de recherche fondamentale et comment nous arrivons à transformer les résultats en produits de consommation, aussi bien pour l’alimentation des humains à chaque étape de la vie, des bébés aux personnes âgées mais aussi pour les animaux domestiques. Pour moi, c’est sans conteste «the best job ever ».
Selon vous, quelles sont les trois caractéristiques qui distinguent le mieux un/-e ingénieur/-e?
Un/-e ingénieur/-e est une personne qui apporte des solutions aux problèmes. Je pense que les ingénieurs/-res ont absolument besoin de créativité, de persévérance et de courage.
Quel conseil donneriez-vous aux élèves pour le choix d’un métier ou d’études universitaires?
Optez pour un métier technique! (Rires.) En tant qu’enfant et adolescent/-e, il faut toujours garder sa curiosité. Je leur donne un autre conseil: prenez le temps d’apprendre. Quand on est jeune, on a beaucoup de temps et de possibilités d’apprendre. Dans d’autres pays, l’accès à la connaissance ne va pas de soi. En Suisse nous avons la chance d’avoir accès à une formation de très grande qualité. Il faut profiter au maximum du temps où l’on est jeune et en forme pour apprendre.
Nestlé s’engage depuis de nombreuses années déjà auprès d’IngCH pour la promotion de la relève. Quelles sont les principales raisons de cet engagement?
Une des principales raisons est qu’il nous permet de contacter des talents. Nous effectuons une grande partie de notre recherche et développement en Suisse. Cela signifie également que nous avons quelque chose à offrir aux talents ici. Nous ne pouvons qu’encourager les écoles et les universités à proposer des programmes intéressants afin d’obtenir des diplômés/-ées bien formés/-ées. Ceci est la raison pour laquelle nous tenons tant à ce que le parcours des jeunes vers le métier d’ingénieur soit motivant, car c’est la seule façon de le rendre toujours plus passionnant. Si nous pouvons en plus proposer de bons emplois, cela créera des perspectives séduisantes pour les leaders de demain !
Ecrit par Nathalie Künzli, cheffe de projet IngCH
Lisez ici la version allemande.
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